Prévenir le burnout : Conseils pour les employeur·euse·s et les employé·e·s

Laurence Dumont-dit-Voitel
Jun 22, 2024Par Laurence Dumont-dit-Voitel

Un peu d'histoire...

Le terme “burnout” ou “épuisement professionnel” a été présenté par le psychanalyste Herbert Freudenberger dans les années 1970. Mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas une invention moderne comme le Rubik’s Cube, ce concept est bien plus vieux que votre jean préféré et a traversé les siècles! Il n’est pas simplement le fruit des transformations récentes de nos environnements de travail...

Christina Maslach a décrit le burnout comme un processus en trois étapes : l’épuisement émotionnel (quand vous vous sentez comme un zombie), le cynisme vis-à-vis du travail (quand vous commencez à penser que votre ordinateur a plus de personnalité que vous) et la diminution de l’accomplissement personnel au travail (quand vous vous sentez aussi efficace qu’une limace sur une piste de course).

Dans les années 1980, le Japon a introduit le terme “karoshi”, qui signifie “mort par excès de travail”. Ce terme a été utilisé pour la première fois dans un ouvrage publié en 1982 par trois médecins japonais : Hosokawa, Tajiri et Uehata.

Le “karoshi” est un décès brutal par arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral (AVC) ou suicide intervenant à la suite d’une surcharge de travail ou d’un stress excessif. Le suicide lié au travail porte également un nom spécifique : le “karo-jisatsu” qui signifie littéralement “suicide dû au stress”. C’est un peu comme si votre travail était un marathon sans fin et que vous finissiez par vous effondrer avant la ligne d’arrivée.

Le premier cas reconnu de karoshi remonte à 1969 : un employé âgé de 29 ans travaillant au sein du service expéditions d’un grand journal japonais est décédé d’un arrêt cardiaque. Le karoshi est d’ailleurs reconnu comme maladie professionnelle au Japon depuis les années 70. C’est un peu comme si le Japon avait dit : “Oui, vous pouvez littéralement travailler jusqu’à la mort, et nous avons un mot pour ça”.

Comprendre le burnout

Le burnout est un état de fatigue extrême lié au travail. Il peut toucher n’importe qui, des employé·e·s aux dirigeant·e·s. Il est important de reconnaître les signes avant-coureurs pour agir rapidement.

Young depressed businessman sitting under white drawn beating hammer marks

Le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, peut se manifester par divers signes et symptômes. 

Epuisement émotionnel, physique et psychique : C’est un sentiment de fatigue constante qui ne s’améliore pas avec le repos. De toute manière, on fait la crèpe au lit, on n'arrive plus à dormir, ça tourne et retourne!

Cynisme vis-à-vis du travail : Il s’agit d’un détachement de son travail et de son équipe, souvent accompagné d’attitudes distantes envers les collègues de travail. Philémon, on ne le calcule plus du tout et du coup ça se voit.

Diminution de l’accomplissement personnel au travail : C’est un sentiment de ne plus être assez efficace ou compétent. On pense même que c'est complètement vrai, et pour un peu que la hiérarchie ou les collègues vous le fasse sentir, vous y croyez!

Troubles physiques divers : Cela peut inclure des maux de dos, des insomnies, des migraines, des maux de ventre, des infections fréquentes, bref, tout qui se dilate, comme la rate, et qui fait mal...

Souffrance psychique : Cela peut se manifester par un vide émotionnel, de l’anxiété, de l’irritabilité, une tendance à s’isoler, des difficultés de concentration, un sentiment d’être dépassé par les événements ou de la démotivation (je ne trouve rien à dire là, c'est la partie la moins drôle avec ce qui vient juste en-dessous).

Pertes cognitives: Troubles de la mémoire, problèmes de concentration, diminution de la créativité, problèmes de prise de décision, troubles de la coordination et de l'organisation. Le plus impressionnant restent les troubles de la coordination spatiale, bien que les recherches spécifiques sur les difficultés spatiales liées au burn-out soient limitées. Eh oui, quand vous ne savez plus comment remettre un rideau sur sa tringle parce que vous ne savez plus coment positioner les anneaux, c’est peut-être le moment de déclarer forfait.

Ces symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre et qu’ils peuvent être le signe d’autres problèmes de santé. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez présente ces symptômes, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé.

Conseils pour les employeur·euse·s : Créer un environnement de travail sain 

Les employeur·euse·s jouent un grand rôle dans la prévention du burnout. Pensez à Philémon, vous allez faire le lien!

En effet, l’attitude de la hiérarchie et des collègues joue un rôle crucial dans le développement du burn-out. 

La confiance des employé·e·s envers leur supérieur·e·s hiérarchique·s est un facteur clé dans l’adoption de comportements proactifs. Les employé·e·s sont d’autant plus enclins à prendre des risques et à s’investir dans leur travail qu’ils font confiance à leur supérieur·e·s.

Au sein du monde professionnel, il est primordial de faire preuve de compétences comportementales. Cela inclut le respect des autres, la fiabilité, la flexibilité, l’adaptabilité, l’efficacité dans son travail, la motivation, la communication, l’investissement dans ses tâches, la prise de recul sur son travail, la recherche de solutions, la compréhension et l’adaptation au changement, l’intelligence émotionnelle et la gestion des ressources et du stress.

Ces compétences nécessitent un travail constant et peuvent être remises en question à tout instant! L’individu en phase de pré-burnout pourrait ne plus posséder toutes ces compétences. Il est donc de la responsabilité de la hiérarchie, en tant que protectrice de la santé de ses collaborateurs et collaboratrices, de détecter ce changement et de prendre soin de son employé ou employée, afin d'éviter une rupture définitive.

Les conflits avec la hiérarchie peuvent engendrer un environnement de travail stressant et favoriser l’apparition du burn-out. Il est crucial de souligner que le manque de reconnaissance ou un management toxique peuvent entraîner des répercussions bien plus sévères qu’une simple surcharge de travail.

Il est important de noter que chaque environnement de travail est unique et que ces facteurs peuvent varier en fonction de la culture de l’entreprise, du style de management et des relations entre collègues. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez présente des symptômes de burn-out, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé.

Observer son équipe et détecter les changements

Observer son équipe pour détecter des signes de burnout est essentiel pour prévenir l’épuisement professionnel. 

Connaître les éléments déclencheurs : Soyez conscient des facteurs qui peuvent mener au burnout, tels qu’une surcharge de travail prolongée, des changements de management, ou des mésententes au sein de l’équipe.

Surveiller les changements de comportement : Faites attention à des signes tels que :

-    Le dépassement de soi et une augmentation du temps de travail
-    Le déni face à la charge de travail
-    L’incapacité à demander de l’aide et l’isolement
-    L’irritabilité et la fatigue visible
-    Consommation de substances (alcool, drogue, médicaments etc.)
-    Perte de productivité
-    Etc.

Il est important de noter que ces signes peuvent être progressifs et s’installer lentement avant de devenir permanents. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez présente ces symptômes, il est crucial de chercher de l’aide professionnelle. La prévention et l’intervention précoces sont essentielles pour surmonter le burnout.

Écouter et communiquer : Engagez des conversations ouvertes avec vos collaborateurs pour comprendre leurs préoccupations et ressentis. Utilisez des phrases commençant par “Je” pour exprimer vos inquiétudes sans accuser, par exemple : "Je suis inquiet car j’ai remarqué que…".

Prêter attention à la communication non verbale : Les signes de burnout ne sont pas toujours verbaux. Observez le language corporel, comme le manque d’énergie ou une posture affaissée, qui peut indiquer un épuisement.

Intervenir rapidement : Si vous remarquez des signes de burnout, agissez immédiatement. Proposez un soutien et discutez des moyens de réduire la charge de travail ou de résoudre les conflits.

Favoriser un environnement de travail sain : Encouragez l’équilibre travail-vie personnelle, reconnaissez les efforts, et créez une culture d’entreprise où demander de l’aide est normalisé.

En étant attentif·ve et proactif·ve, vous pouvez aider à prévenir le burnout et maintenir une équipe engagée et productive. N’oubliez pas que le bien-être de vos collaborateur·rice·s est crucial pour le succès de l’entreprise.

Offrir des ressources de soutien

Mettre à disposition des ressources telles que des séances de coaching ou des ateliers sur la gestion du stress est une démarche bénéfique. Cela démontre non seulement votre engagement envers le bien-être de vos employé·e·s, mais cela s’avère également être un outil précieux pour les aider à développer des stratégies efficaces face aux pressions du quotidien professionnel. Ces initiatives peuvent grandement contribuer à l’amélioration de l’ambiance de travail et à la prévention du burnout.

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Conseils pour les employé·e·s: Préservez-vous!

Voici quelques conseils pour les employé·e·s afin de prévenir le burnout :

Établir des limites : Définissez clairement vos heures de travail et vos moments de repos. N’hésitez pas à dire non lorsque vous vous sentez débordé·e.

Gérer le stress : Pratiquez des activités qui réduisent le stress, comme la méditation, le yoga ou des loisirs qui vous passionnent.

Communiquer efficacement : Exprimez vos besoins et vos préoccupations à vos supérieur·e·s ou collègues de manière constructive. C'est le plus dûr à faire car vous êtes parfois trop fatigué·e pour vous exprimer!

Prendre des pauses : Faites des pauses régulières pendant la journée pour vous aérer l’esprit et éviter la fatigue mentale.

Demander de l’aide : Si vous vous sentez submergé·e, parlez-en et cherchez du soutien auprès de vos collègues, amis ou professionnel·le·s de la santé. Souvent, nous ne sommes plus aptes à faire cette démarche, c'est souvent l'entourage qui vous conseillera de consulter! C'est le moment de les écouter...

Cultiver des relations positives : Entourez-vous de collègues bienveillant·e·s et soutenez-vous mutuellement dans les moments difficiles.

Développer des compétences d’adaptation : Apprenez à gérer les changements et les défis avec résilience et flexibilité.

Prioriser la santé : Veillez à votre santé physique en faisant de l’exercice régulièrement et en mangeant sainement.

Équilibrer vie professionnelle et personnelle : Assurez-vous d’avoir du temps pour vos activités personnelles et pour vous reposer.

Si vous n'arrivez pas à appliquer ces conseils, il est temps de demander de l'aide!

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Conclusion

Prévenir le burnout est en effet une responsabilité partagée. Les employeur·euse·s et les employé·e·s doivent collaborer pour instaurer un milieu professionnel sain et équilibré. En adoptant ces recommandations, chacun·e peut contribuer à diminuer le risque de burnout et à favoriser le bien-être au travail. C’est une démarche utile qui renforce la cohésion d’équipe et la productivité tout en préservant la santé mentale de tous et toutes.

Ne jamais oublier que la boîte continuera à tourner sans vous!